Bons chrétiens
Bons hommes & Bonnes femmes
Écrire l’histoire du catharisme
Jusqu’en 1939, ce que l’on savait du catharisme provenait des écrits de ses adversaires, procédures inquisitoriales, ouvrages de polémique anti-cathare ou récits des haut faits de la croisade dans la guerre menée contre les parfaits. La plus grande partie provient des archives des tribunaux d’Inquisition. Leur valeur est évidemment fonction de la bonne ou mauvaise foi de leurs auteurs, de leur intelligence ou de leur médiocrité intellectuelle.
Un exemple est donné par l’ouvrage de Charles Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des Cathares ou Albigeois, Paris, J. Cherbuliez, qui, le premier, écrit en 1848 sur ceux qui se sont opposés, soit au système officiel de l’Église, soit à la religion chrétienne en général.
On ne connaissait, en fait de textes authentiquement cathares, que le Rituel en occitan conservé à Lyon, très précise description de la cérémonie par laquelle les cathares donnaient le sacrement du consolament.
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Les sources
En 1939, un érudit dominicain, le père Antoine Dondaine, ouvre la voie des recherches historiques et des découvertes des sources originales des cathares.
Depuis, un certain nombre de sources ont été découvertes et étudiées par des chercheurs, tels le RP A. Dondaine, Déodat Roché, Christine Thouzellier, Michel Roquebert, Jean Duvernoy, René Nelli, Étienne Delaruelle, Yves Dossat, Henri Blaquière, M.H. Vicaire, Anne Brenon, etc. pour ne parler que des plus connus.
Cela a donné lieu à une littérature abondante et détaillée. La totalité des écrits cathares qui ont été conservés se réduit à 7 petits traités groupés dans le Livre des deux principes, au Rituel roman dit de Lyon, au Fragment de rituel latin, édité par A Dondaine et au Traité cathare, publié en 1961 par Mlle Thouzellier, à quoi il faut ajouter La Cène secrète ou Interrogation Johannis.
Décrit comme hérésie manichéenne par la polémique catholique, le catharisme se définit comme exigence chrétienne dans ses propres livres.
Il y a eu des cathares en France, en Belgique, en Catalogne, en Italie, en Allemagne, et même en Angleterre.
La région où se sont implantés principalement les Bons hommes et Bonnes femmes est le l’Occitanie.
C’est donc surtout dans le Midi de la France, de la fin du XIIe siècle à l’année 1209 où fut déclenchée la Croisade contre les Albigeois, que le Catharisme put s’organiser en Église et, par l’intermédiaire des grands seigneurs gagnés à sa cause, exercer une influence sociale et politique sur l’ensemble du pays.
L’histoire des Cathares a d’abord été écrite par ses opposants qui ont vu en eux des « hérétiques »
L’Église romaine, dès les premiers conciles (Concile de Nicée en 325) a accusé d’« hérésie » toute personne qui ne souscrivait pas totalement aux dogmes qu’elle instituait.
Nous connaissons leur vie, leurs faits et gestes, par les registres et dépositions consignés par l’Inquisition.
L’histoire a été racontée et transmise par les chroniqueurs qui ont accompagné et relaté les différents combats et croisades contre ce qui a été considéré comme une « hérésie » par l’Église romaine :
La vision unilatérale des Cathares donnée par l’Église romaine a été extrêmement négative. Elle a cependant dominé jusqu’au milieu du XXe siècle.
Concile de Nicée 325 ap. J.C https://fr.wikipedia.org/wiki/Premier_concile_de_Nic%C3%A9e
Le terme « cathare »
Le terme « cathare », qui signifie « pur » en grec, est utilisé en premier lieu par Augustin d’Hippone (saint Augustin) au Ve siècle pour fustiger les « manichéens ». Voir : https://www.patristique.org/Augustin-d-Hippone-A-Quodvuldeus-sur-les-heresies.html
Le manichéisme est la doctrine de Mani : il a fondé une religion au IIIe siècle, qui s’est répandue dans tout le Moyen Orient.
Le prophète Mani (à droite) s’entretenant avec Chapour Ier © British Library Board/bridgeman
Le peuple du Languedoc et les cathares eux-mêmes ne se sont jamais qualifiés eux-mêmes autrement que de « bons chrétiens », « bons hommes » et « bonnes femmes ».
Le terme « Parfait » vient probablement des textes de l’Inquisition, qui voulait distinguer les hérétiques « parfaitement revêtus », faisant ainsi référence à leur manière de s’habiller après avoir reçu le sacrement du consolament.
Le terme « cathare » est repris ensuite par Ekcbert de Schönau, moine bénédictin de Rhénanie vers 1165, dans son Sermones contra catharos.
L’Église romaine usera de cette appellation pour caractériser ce qu’elle a considéré comme une hérésie, c’est-à-dire une opposition au système à la fois religieux, temporel et politique qu’elle avait instauré dès sa naissance aux IVe et Ve siècles.
Hérésie
La signification du mot « hérésie » montre qu’à l’origine le terme signifiait simplement une forme de liberté de pensée. Le mot « hérésie » est emprunté au grec αἵρεσις, haíresis, qui signifie à l’époque classique « choix », puis à une époque plus tardive, « préférence pour une doctrine, école philosophique », « obédience philosophique ». La traduction en latin est secta ou disciplina
Selon le dictionnaire le Petit Robert : « Eresie » apparaît en 1118, en latin ecclésiastique au départ de « hæresis » : « Doctrine, opinion émise au sein de l’Église catholique et condamnée par elle comme corrompant les dogmes ».