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Glossaire

Apareilhament


Une confession publique, l’apareilhament, et l’administration de pénitences faisaient partie des rites importants.

La fonction des diacres était de parcourir les communautés pour organiser une séance de confession par mois.

Ces confessions font partie des pratiques nécessaires pour se purifier.

Il s’agit de prendre conscience des actes non conformes à la vie pure demandée par le Christ et des offenses que l’on a pu commettre contre Dieu.

Ensuite, il faut se repentir et se purifier par des pénitences, sous forme de récitations de Pater, de génuflexions et de jeûnes supplémentaires.

Consolament

Avant d’entrer dans l’Ordre de la sainte Église, un long temps de purification était demandé : c’est le premier aspect de l’endura (cf infra)

Pour entrer dans l’Ordre de la sainte Église, il y avait 2 cérémonies essentielles, qui constituaient 2 degrés successifs :

  1. la Traditio oranis ou transmission du Pater, l’oraison dominicale et
  2. le sacrement du Consolament ou Baptême spirituel.

Il s’écoulait d’ordinaire un temps assez long entre la Traditio oranis et le Consolament. Selon les époques, il y a eu, ou non, une nouvelle période de purifications entre la Traditio oranis et le Consolament. [Nelli Ecritures]

Rechercher le salut de l’âme. Montrer la voie du Salut.

Entrer dans l’Ordre de la sainte Église

Se garder du « monde » dominé par le principe mauvais par l’endura qui prend plusieurs formes (voir infra)

Apporter le Salut

Avoir une bonne fin, qui apporte la rémission des péchés et le salut de l’âme pour la vie future

Supporter stoïquement les vicissitudes du monde, jusqu’à choisir la mort plutôt que de renier son engagement

Sacrement du baptême, ordination : le consolament (des vivants)

  • Source : Rituel latin, dit rituel de Florence,  traduction René Nelli, éd. 2011,  p. 253-265

Le plus ancien des cathares demande un engagement : « « Acceptes-tu de te rendre à Dieu et à son Évangile ? » 

Il prononce des vœux de chasteté, abstinence, vie communautaire, oraisons, acceptation du martyre, carême perpétuel au régime « maigre », règles des préceptes évangéliques (règle de justice et de vérité).

On lui lit une traduction particulière du prologue de l’Évangile de Jean :

« Au début était le Verbe,

« Le Verbe était auprès de Dieu . Et le Verbe était Dieu.

« Toutes choses ont été faites par Lui,

« Et sans Lui c’est le néant qui a été fait.

L’officiant impose les mains et le Livre au-dessus de la tête du postulant, ainsi que toute l’assemblée des Parfaits, transmettant ainsi l’Esprit saint.

La cérémonie se termine par le baiser de paix et la récitation de plusieurs Pater.

« Servissi »: Rituel cathare, Bible occitane, Manuscrit de Lyon

Convenenza


La convenenza est un contrat entre un croyant et un Parfait, qui lie les deux parties.

Les Parfaits font en sorte que le croyant puis œuvrer pour le salut de son âme, dans cette vie et dans les suivantes, tout en respectant le libre arbitre de chacun. Le croyant pouvait donc mener une vie profane, ne pas s’engager dans la voie des Parfaits et souhaiter être consolé en fin de vie.

Le croyant souhaite avoir une Bonne fin : recevoir le consolament des mourants de manière à ce que ses péchés lui soient remis et que son âme soit purifiée au moment de son départ pour l’au-delà et qu’elle puisse poursuivre son cheminement pour retourner vers le Père.

Pour ce faire, le croyant, ainsi que les Parfaits, s’engagent à tout faire pour que le mourant puisse recevoir la Consolation, même s’il n’est plus en état de prononcer les paroles d’acquiescement à la demande du Parfait qui lui demande s’il la veut avant de commencer le rituel, car la convenenza fait office d’approbation à ce moment-là.

La foi est essentielle au sacrement. Il faut donc s’assurer que le postulant que l’Église veut consoler à son heure dernière a bien reçu l’instruction nécessaire, connaît les obligations auxquelles il souscrit et a le ferme propos de recevoir le baptême.

Le baptême des malades inconscients, de ceux qui n’ont plus la parole pour s’engager, est donc impossible.

Les conditions nécessaires de la foi et d’intention ne peuvent être mieux remplies que si le fidèle en a déjà délibéré et s’il a pris l’engagement, s’il l’a convenu avec l’Église.

Telle est la convenenza, le pacte, que le célébrant rappellera au moment suprême. [Duvernoy 1986 : 159]

Endura

Endura est un vocable occitan que nous pouvons traduire, approximativement, par « privation », « endurance » ou « persévérance ».

L’endura est le fondement de l’application pratique de la foi cathare qui vise à se purifier de l’emprise du corps, considéré comme issu du « mauvais principe » pour élever son âme et lui permettre de retrouver sa véritable nature divine, le Principe du Bien. Cela recouvre plusieurs réalités dans l’univers cathare. 

On peut considérer l’endura comme une philosophie et un mode de vie global : être « résistant » physiquement et moralement, supporter les vicissitudes du monde sans être touché par elles, maîtriser le corps et amoindrir son pouvoir au profit de l’âme, souffrir tribulations, opposition ou persécution sans se mettre en colère ni faiblir, même devant la mort.

La purification s’exprime dans tous les aspects même les plus banals de la vie et passe par l’abstinence, la chasteté, la récitation de nombreuses prières, le respect de toute forme de vie, un examen de conscience permanent visant au pardon des offenses, des ablutions, une attention aux paroles émises, des modes de cuisson soignés, des relations claires et limpides entre les êtres.

Ensuite, l’endura s’inscrit aussi très concrètement dans les règles et la vie quotidienne par des pratiques physiques de dépuration, comme le jeûne. Les jeûnes peuvent prendre différentes formes, de la plus légère comme se priver de manger de la viande en passant par ne consommer que du pain et de l’eau, à la plus extrême, ne plus s’alimenter du tout, cette dernière menant à l’extinction de la vie.

La première forme avec laquelle un novice, souhaitant devenir parfait, peut avoir affaire est l’endura : elle est le préalable à l’entrée dans l’Église des Bons hommes, sous forme de préparation, de jeûnes et de prières durant un temps plus ou moins long. Ensuite, une fois entré dans l’Ordre, l’endura est pour lui la structure même d’une vie fondée sur la recherche de la pureté et du salut de l’âme.

Et elle sera la dernière forme de son action sur terre avant de la quitter.

Montségur

Melhorier ; « adoration des Parfaits »


Les Croyants ne devaient au Parfait que les marques extérieures de respect.

Dès qu’il paraissait, ils faisaient devant lui le Melhorier ou Melioramentum – ce que les inquisiteurs ont interprété, à tort, comme une « adoration ».

« adoration des parfaits » : expression employée par l’église romaine

Ils tombaient à genoux, s’inclinaient profondément trois fois jusqu’à baiser la terre en disant le Bénédicité à chaque révérence :

« Benedicite, benedicite, benedicite, parcite nobis »

« Bons chrétiens, donnez-nous la bénédiction de Dieu et la vôtre. Priez Dieu pour nous, afin qu’Il nous garde de la mauvaise mort et qu’Il nous conduise à bonne fin, entre les mains des fidèles chrétiens »

Le Bon homme répondait à chaque inclination :

« Recevez la bénédiction de Dieu et la nôtre. Dieu vous bénisse, arrache votre âme à la mauvaise mort et vous conduise à bonne fin ! »

Les croyants savaient que cette salutation s’adressait au Saint-Esprit dont le Parfait était revêtu et que cela était un engagement de faire une bonne fin grâce à la présence d’un Parfait.